jeudi 31 décembre 2009

un cas type de souvenir d'une vie passée

Le cas de Shamlinie Prema

Shamlinie Prema est née à Colombo, Sri Lanka, le 16 octobre 1962. Ses parents vivaient à Gonagela, à 60 kms au sud de Colombo. C'est là qu'elle fut élevée. La première chose qu'elle manifesta avant de savoir parler fut une peur terrible de l'eau.
Quand on voulait lui faire prendre un bain, elle résistait de toutes ses forces en hurlant. Elle avait aussi très peur des autobus, criait et pleurait si on devait l'y faire monter, et même en les voyant passer.
Etonnés de son comportement, ses parents pensèrent assez tôt qu'il pouvait s'agir d'un souvenir tragique d'une autre vie. effectivement, dès qu'elle sut parler, elle raconta des épisodes de son ancienne vie et surtout sa mort.
Cela se passait à Galtudawa (à 2kms environ de Gonagela). Elle disait "ma mère de Galtudawa" et parlait de ses soeurs et de deux compagnons d'école. Elle décrivait une maison notablement différente de celle qu'elle habitait à Gonagela.
Voici, d'après ses parents le récit de sa mort : "Un matin avant l'école, elle était sortie pour acheter du pain. La route était inondée. Un bus passa en l'éclaboussant et la fit tomber dans une rizière. Elle cria "Maman" en levant les bras et "tomba endormie". Les parents de Shamlinie ne firent pas tout de suite le rapprochement avec un terrible accident qui s'était produit le 8 mai 1961 : une petite fille de onze ans Hemaseelie Guneratne habitant Galtudawa et parente éloignée des Prema (bien qu'il n'existât aucune relation entre les deux familles), s'était noyée dans des circonstances exactement semblalbles à celles du récit de Shamlinie.
Un jour, Shamlinie reconnut un cousin de Hemaseelie, dans une rue de Gonagela. Elle avait trois ans. Un an plus tard elle reconnut les soeurs de la petite fille noyée, également à Gonagela.
Shamlinie avait déjà demandé qu'on l'emmène voir sa "mère de Galtudawa", qu'elle comparait à sa mère actuelle, au détriment de cette dernière. Enfin, son père accepta de rendre visite aux Guneratne.
Elle rendit visite encore plusieurs fois aux Guneratne, mais, peu à peu, à mesure que ses souvenirs s'estompaient, elle y alla de moins en moins, en parla de moins en moins et à onze ans, en 1973, elle semblait avoir tout oublié.
Sa phobie de l'eau était guérie depuis l'âge de quatre ans et à huit ans, elle n'avait presque plus peur des autobus.

Ian Stevenson -
Les enfants qui se souviennent de leurs vies antérieures

mercredi 30 décembre 2009

Ou trouve-t-on le plus de cas de réincarnation ?

Certaines parties du monde se prêtent plus que d'autres à la découverte de cas. Ce sont l'Inde (du Nord), le Sri Lanka, la Birmanie, la Thaïlande, le centre-sud de la Turquie, le Liban, la Syrie, l'Afrique occidentale et les régions nord-occidentales des Etats Unis.

J'ai trouvé également — et étudié — de nombreux cas en Europe et en Amérique du Nord (à part les tribus indiennes des régions du nord-ouest). j'en ai trouvé aussi en Amérique du Sud mais en moins grand nombre.

Le Tibet doit avoir été un foyer de nombreux cas, si j'en juge par ceux que j'ai rencontrés parmi les réfugiés tibétains qui vivent aujourd'hui en Inde. Mais les familles sont tellement dispersées qu'il est difficile de rassembler les témoins indispensables à nos enquêtes.
J'ai des raisons de croire que nous pourrions avoir un vaste champ d'études au Japon et au Laos, au Cambodge et au Vietnam. Mais le temps m'a manqué et j'ai dû limiter nos recherches aux pays dont j'ai appris à connaitre la culture.

Comme je l'ai déjà mentionné, il y a beaucoup plus de cas en Occident (Europe et Amérique du Nord) que ne l'imaginent les Occidentaux. En outre, nous avons trouvé plusieurs cas en Asie parmi les peuples dont la religion rejette l'idée de réincarnation (par exemple les chrétiens du Liban et du Sri Lanka et les musulmans sunnites de l'Inde).

Nos travaux dépendent entièrement des gens qui nous contactent pour nous signaler des cas, dont un certain nombre ne sont observés qu'à l'intérieur du cercle familial et des amis du sujet : il s'agit là généralement d'un parent décédé dont la personnalité semble s'être réincarnée dans son propre foyer. c'est ce que j'appelle un cas "privé".

Il y a également un nombre (non recensé) de cas étouffés dans l'oeuf par les gens qui ne croient pas à la réincarnation. Les parents pensent que l'enfant raconte des sottises ou des mensonges et lui imposent silence. Mais le cas se produit aussi dans les familles où la réincarnation constitue l'essentiel de leurs croyances. Par exemple, en Inde ou en Birmanie, la tradition veut qu'il soit mauvais et même dangeureux pour un enfant d'avoir des souvenirs de sa vie précédente. Ou bien les parents ont une raison de vouloir cacher des affaires de famille dont l'enfant semble se rappeler, ou encore c'est le comportement de l'enfant qui dérange. Si l'enfant se prétend d'une caste supérieure, il humilie ses parents ; si on contraire il se dit d'une caste inférieure, il les gêne, voilà des circonstances où l'on fait taire l'enfant.//

Lorsque le cas n'est ni privé, ni tu par la famille, il arrive qu'il soit porté à ma connaissance par l'un de mes nombreux collaborateurs à travers le monde, qui me servent également d'interprètes. //

Au début de mes enquêtes, je dépendais uniquement de la presse pour me renseigner. Je suis certain que la fréquence des cas est bien supérieure à celle des rapports dans la presse. Dans les pays où je suis aidé par des personnes qui s'intéressent à nos recherches, nos schémas géographiques révèlent une densité de cas inconnus du public.

Extraits de l'ouvrage de Ian Stevenson :
"Les enfants qui se souviennent de leurs vies antérieures."

samedi 19 décembre 2009

Renaissance ou réincarnation ?


Afin de tenter d’appréhender quelque peu cette difficile question de la réincarnation — qui représente pour les Hindous et la majorité des Bouddhistes une perspective indiscutée —, il est possible de trouver une analogie dans ce qui se produit quotidiennement dans la vie de tout être humain, et que celui-ci tient généralement pour un fait allant de soi. En effet, chaque nuit, lorsqu’il sombre dans son sommeil nocturne, ne subit-il pas à son insu— sans que d’ordinaire il le regarde comme tel — un genre de petite mort répétée ? Et, lorsqu’il se réveille le matin et ouvre de nouveau les yeux sur le monde manifesté, n’est-il pas, en quelque sorte, réincarné ?
On peut ainsi affirmer que, déjà de son vivant, il passe à travers un nombre — néanmoins limité — de petites morts et de réincarnations jusqu’à ce qu’arrive l’heure critique de son départ de ce monde où il lui sera ordonné de laisser derrière lui l’existence phénoménale qu’il ne lui aura été permis de connaître que pour un temps déterminé.

Et pareillement, peut-être le nombre de réincarnations possibles pour un être humain est-il aussi limité que celui des jours et des nuits qu’il est destiné à vivre durant son séjour temporaire sur ce globe. Toutefois, la réincarnation est-elle — comme on le croit en Asie — un droit pour tous ?

Ne doit-on pas s’interroger sur ce qu’il adviendra de celui qui ne cherche pas, de toutes ses forces, à diriger son intérêt dans une direction précise qui ait une valeur spirituelle — ou du moins artistique —, de façon à laisser en son être une trace suffisamment durable et profonde, capable de traverser l’oubli de la mort ?
Autrement dit, si sa vie ne s’est déroulée — comme c’est le cas pour la majorité des hommes et des femmes — qu’en réaction machinale à des conditions extérieures qui, de par leur nature, ne peuvent qu’être en perpétuel changement, et que rien de permanent ne s’est implanté en lui qui puisse appeler une nouvelle naissance, une réincarnation peut-elle être envisageable pour lui ?

En revanche, certains êtres, qui, en raison de la durée trop brève de la vie humaine, n’ont pu mener à son terme le travail spirituel qui était vital pour eux, seront contraints de revenir à l’existence phénoménale pour pouvoir achever ce qui a été commencé jadis et que la mort a interrompu prématurément.

Aussi, s’il se donne la peine de réfléchir à ce qui vient d’être expliqué, l’aspirant ne doit-il pas se demander s’il est réellement prêt à se vouer avec le tout de lui-même à sa quête ? — en d’autres termes, à tout faire pour “atteindre l’autre rive” ou pour devenir un “élu”, ce qui doit être le but de tout chercheur sérieux ?

Compte tenu de la confusion qui règne dans l’esprit des gens au sujet d’un domaine si difficile à embrasser, il s’avère des plus importants pour un aspirant de comprendre la différence existant entre renaissance et réincarnation.

Dans le premier cas, le retour à la vie n’est, par le principe de causes et d’effets, que le produit spontané de forces engendrées par des tendances et agrégats psychiques qui subsistent après la mort d’un individu et qui se recombinent à d’autres, de façon plus ou moins aléatoire, pour former un nouvel être qui leur fournira le terrain et les conditions d’existence leur permettant de se manifester à nouveau.
Il s’agit là d’un processus automatique, sans choix possible.

La réincarnation quant à elle ne peut se produire que pour un adepte qui est suffisamment avancé — que les Tibétains appellent un tulku * — et dont les efforts assidus qu’il a fournis dans le passé ont implanté en lui une impulsion qui donnera une direction déterminée à sa nouvelle vie, afin que, comme dit précédemment, il puisse poursuivre la tâche spirituelle déjà entreprise, mais qui était demeurée inachevée. Dans ce cas, la loi qui détermine cet événement fournira les conditions nécessaires à son actualisation.



Si un chercheur rejette a priori la possibilité de la réincarnation et n’envisage qu’une vie unique où son destin se joue de façon irrémédiable, il peut se sentir accablé en constatant à quel point il est loin des efforts qu’ont fournis de grands mystiques. Aussi, au lieu de se lancer, avec toute sa sincérité, dans le processus — qui ne peut qu’être douloureux — de la transformation de lui-même par des efforts spécifiques destinés à implanter en son être la semence nécessaire pour l’aider dans une existence future, il risque de rester tel qu’il est, en attendant passivement qu’un miracle se produise en sa faveur.

En effet, comme il ne peut trouver d’explication satisfaisante à l’écart qui existe entre les capacités des individus et que, par ailleurs, il a pu apprendre que le destin de certains grands mystiques a basculé soudainement lors d’une expérience spirituelle spectaculaire, apparemment inattendue, au lieu d’en déduire que des événements qui surviennent aussi mystérieusement dans la vie d’un homme ne peuvent qu’être le fruit d’un travail spirituel assidu entrepris dans d’autres existences, il est contraint d’attribuer de telles différences de destinée au choix arbitraire d’une puissance supérieure ; il ne peut alors qu’espérer profiter un jour, lui aussi, du bon vouloir de ce Dieu situé quelque part dans l’Univers et jouant aux dés les gagnants d’un jeu cosmique !

Il arrive parfois que, dans des moments d’intense présence à lui-même, un chercheur puisse accéder à d’autres plans de conscience lui permettant de connaître, d’une façon inexplicable par la logique de ce monde, toutes les possibilités d’un être vivant, d’une situation ou d’une chose en même temps. Il en est ainsi pour la réincarnation ; elle peut être saisie dans sa globalité à des moments privilégiés, par une soudaine perception directe qui dépasse la compréhension ordinaire.
Mais, vu la complexité d’une telle question — dont toutes les faces ne peuvent être appréhendées qu’à la suite d’un travail spirituel intense et non par des raisonnements intellectuels au niveau de la conscience coutumière —, lorsque l’on veut essayer de communiquer quelque chose de cette connaissance indéfinissable avec des mots, on se trouve confronté à une difficulté quasi insurmontable.
Il faut que le chercheur se refuse à nier en bloc ce phénomène ou à accepter aveuglément des doctrines toutes faites à propos d’un sujet aussi vaste et troublant, et qu’il tente de découvrir, au travers de ses propres pratiques de méditation, les réponses appropriées à ses besoins du moment pour l’aider dans cette difficile quête de la Source Sainte d’où il a émergé et dans laquelle il sera réabsorbé après sa mort.

*Il faut toutefois préciser que ce phénomène n’est pas propre aux Tibétains et qu’il peut s’observer à toutes les époques et dans tous les pays à propos de grands mystiques, comme Thérèse d’Avila ou Ramana Maharshi — ou même parfois de grands artistes (tels Mozart et Beethoven).

Salim Michael
S'éveiller, une question de vie ou de mort

lundi 7 décembre 2009

Quand A devient-il B ?

Le Canon bouddhique tient que l'être intermédiaire, la conscience de renaissance s'incarne au moment de la conception. La plupart des cas observés confirment ou ne s'opposent pas à cette conception. Toutefois d'autres possibilités semblent se rencontrer.
Déjà dans l'antiquité grecque, on discutait pour savoir si l 'âme s'incorporait à la conception ou lors de la naissance ; pour les Druses du Liban, le décédé s'attache au nouvel être au moment de la naissance seulement.
Stevenson a observé dix cas dont les dates vérifiées "font supposer que le décédé a bien pris possession d'un corps déjà vivant. Il en a publié deux cas seulement. Celui de Chaokhun Rajuthajarn décédé un jour après la naissance de l'enfant de sa soeur à laquelle il apparut après l'accouchement et dont il se retrouva le fils. L'intérêt se renforce du fait qu'il est devenu un très respectable abbé d'un monastère théravadin en Thaïlande et a autorisé la publication de son histoire bien qu'en apparence, elle contrevienne aux textes canoniques. Il existe aussi des cas où, si l'on encroit les dates, l'habitation du foetus s'est faite au cours de la grossesse à des dates variables.../

Dans les phénomènes du type réincarnation, la nouvelle personnalité s'installe définitivement et sans concurrence, quelle que soit la période de la grossesse ou de la petite enfance où elle débute. Dans les phénomènes du type possession, qui surviennent plus tard et jusqu'à l'âge adulte, la survenue de la nouvelle personnalité est partielle ou de courte durée..../

Il semble, si l'on en croit Stevenson, que tous les cas intermédiaires existent entre la possession typique, temporaire et partielle, et la réincarnation, complète et permanente, survenant dès la conception. De même qu'existent tous les intermédiaires quant aux dates de la vie embryonnaire ou post-natale à laquelle s'effectue l'habitation du nouveau corps.../

Tout ceci peut paraitre fantastique à l'Occidental moyen, car même s'il accepte l'idée d'un psychisme relativement indépendant du corps, il lui attribue une fonction privilégiée, sans doute issue du concept de l'âme regardée comme irremplaçable et unique. Les conceptions orientales pluralistes sont plus à l'aise sur ce point pour rendre compte des phénomènes.

Jean Pierre Schneztler De la mort à la vie.