mardi 17 novembre 2009

Méthodologie et quelques cas

Depuis le début des années soixante Ian Stevenson a rassemblé avec toute une équipe de contacts partout sur la planète de nombreux témoignages en faveur de l'hypothèse de la réincarnation. Des enfants conservent et expriment pendant un certain temps des souvenirs d'un vécu antérieur.

Stevenson considère ces cas comme suggérant la réincarnation, rien de plus. Sa conclusion est la nécessité d'approfondir l'étude de cas analogues. Les cas présentés dans ses ouvrages ne constituent qu'un mince échantillon d'une collection de plus de deux mille cas.


Le nombre des cas de réincarnation est plus élevé dans certains pays : Inde, Sri Lanka, Birmanie, Brésil, Alaska, Liban... tiendrait surtout de ce que les récits des enfants y sont mieux tolérés.

Stevenson rejette toute possibilité de fraude; en vertu de la mise en scène qu'aurait imposé la concordance de très nombreux témoignages et du fait de l'absence d'un mobile qui justifierait l'intérêt d'une telle fraude.

Les caractéristiques des cas recueillis se fondent sur sept critères de classement :
désir de retrouver l'ancienne famille,
affirmation répétée d'une autre identité,
habitudes, comportements, réactions similaires à celles du défunt,
malformations congénitales ou marques de naissance,
talents, aptitudes insolites, connaissances particulières,
connaissances historiques, érudition,
reconnaissance de lieux ou de gens.

Certains réincarnés interrogés par Stevenson disaient bénéficier de talents caractéristiques d'une prétendue personnalité antérieure. Ce que confirmaient les familiers en précisant que ces talents évoquaient indéniablement un trait spécifique de la personnalité d'un proche défunt.

Trait singulier quelquefois comme pour ce petit brésilien féru de couture, Paulo Lorentz, qui présentait lui aussi cette inversion de sexe estimée peu fréquente par Stevenson. La personnalité réincarnée en Paulo était l'une de ses soeurs, la défunte Emilia. Celle-ci, particulièrement douée pour la couture l'avait pratiquée avec génie. Après son décès aucune de ses quatre soeurs, qui montraient un goût très modéré pour ce genre d'ouvrage, ne l'avait jamais égalée. En revanche, Paulo, leur jeune frère, outre une exceptionnelle précocité, témoignait dans ses premières années d'une dextérité comparable à celle d'Emilia : " Les témoins, nous dit Stevenson, s'accordent pour trouver extraordinaires non seulement son intérêt et ses aptitudes, mais aussi une réelle habileté naturelle. Par la suite, alors que sa personnalité commençait à gagner en virilité, son aptitude pour la couture cessa de se développer, si bien qu'arrivé à l'âge adulte il était beaucoup moins compétent que ses soeurs. Le point important à prendre en considération est la spontanéité précoce de ses dons pendant sa toute petite enfance. "

La présence d'une aptitude précoce identique à celle qu'un parent avait manifesté de son vivant est moins surprenante, bien entendu, de la part d'un enfant de même sexe. Il n'est pas rare, alors, que la virtuosité dont font preuve certains de ces enfants amène l'entourage à y répondre, en conformité avec les croyances locales, par la réincarnation ou par la re-naissance. Ainsi, en Alaska, Corliss Chotkin, prolongement supposé de la personnalité de son grand oncle Victor Vincent, Tlingit de pure souche, possédait une habileté remarquable dans la mécanique ; activité dans laquelle excellait son grand oncle. Et tout comme lui Corliss possédait l'âme d'un marin :

Victor Vincent aimait le bateau et la vie sur l'eau. (...) Il se montrait très compétent devant les bateaux et leurs machines. Corliss, lui aussi, appréciait l'eau ; il avait exprimé le souhait de parcourir le monde en bateau. Il se montra également très doué pour le maniement et les réparations de moteur. Il apprit tout seul, sans leçons, à les mettre en marche. Ce talent n'était pas hérité de son père qui ne connaissait rien aux moteurs et donc n'y touchait pas, tandis que Corliss réparait facilement un moteur cassé.

Exemple de xénoglossie (connaissance spontanée d'une autre langue)

Vers l'âge de trois ans et demi Svarnlata prétendit avoir vécu auparavant à Katni, une ville située à plusieurs centaines de kilomètres. Sa famille d'alors, à laquelle elle restait d'ailleurs très attachée par la pensée, se nommait " Pathak ".

Guidé par les affirmations de Svarnlata un enquêteur découvrit ces Pathak et vérifia quelques-unes des informations fournies par la fillette au sujet de ses " parents d'autrefois ". Ils avaient bien perdu une fille, Biya, mais c'était en 1939, dix ans avant la naissance de Svarnlata. Celle-ci se souvenait effectivement qu'après la mort de Biya, dont elle avait habité le corps, elle avait vécu une autre incarnation de 1939 à 1948. Le souvenir de cette réincarnation intermédiaire, qui précède donc sa vie actuelle dans la famille Mishra, est un fait assez rare selon Stevenson. Elle s'appelait alors Kamlesh et habitait à Sylhet, en Assam, où elle serait morte à l'âge de neuf ans.

En raison de problèmes géographiques et politiques (Sylhet se trouve maintenant au Bengladesh) aucune enquête ne put être menée sur place afin de vérifier les souvenirs de cette vie antérieure. Ce qui est fort dommage car c'est justement au cours de celle-ci que Svarnlata aurait appris les danses et les chants bengali qu'elle interprétait depuis l'âge de cinq ou six ans. La disposition qu'elle manifestait pour la danse traditionnelle du Bengale, mais aussi pour sa langue, est un fait plutôt insolite puisque les Mishra ignorent tout du bengali et des coutumes propres à cette région. Ils ont toujours vécu au Madhya Pradesh, ainsi que Svarnlata bien sûr, où l'on ne parle que l'hindi. Voici un passage dans lequel Stevenson évoque les inexplicables aptitudes de la jeune fille :

"Svarnlata chantait et dansait en même temps, l'un n'allant jamais sans l'autre. C'est comme si elle avait appris simultanément chant et danse, ne pouvant les séparer. Le professeur P. Pal le croyait. Lors d'une entrevue avec Svarnlata et sa famille en 1963, il observa " qu'elle avait des difficultés à se souvenir des mots si elle n'exécutait pas les danses. " Elle fut capable de danser et de chanter de la sorte jusqu'en 1971, date à laquelle elle accepta gracieusement de me donner une représentation. Bien qu'incapable de comprendre les paroles, je fus très impressionné par sa voix et par son talent chorégraphique. Son père qui m'accompagnait, déclara que c'était en tout point identique à sa première démonstration, bien des années auparavant. Svarnlata n'avait rien oublié ! Le professeur Pal observa la représentation de manière bien plus approfondie, puisqu'il m'écrivit que " les airs semblaient être justes et les attitudes convenables et séduisantes. " (Svarnlata rejoua trois fois pour lui afin qu'il puisse transcrire les chants).
Le professeur Pal qui est originaire du Bengale identifia ces chants comme étant du bengali et il apprit, lorsqu'il retourna chez lui au Bengale occidental, que deux d'entre eux provenaient de poèmes de Rabindranath Tagore. Le troisième chant, lui aussi sans conteste en bengali, était un poème mineur inconnu du professeur Pal."



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